CHANTS D'ESPAGNE

Cancionero de Palacio, Mudarra, Milan, Sor, Granados, Ibarrondo, Rodrigo, Garcia Lorca 

Avec Dominique MOATY soprano, Jean HORREAUX guitare, Mise en scène Luis F. Jiménez 

Au pays de Cervantès… La voix, la guitare.

Voilà sans conteste les deux acteurs principaux de la musique espagnole. De cette musique qui, plus qu’aucune autre, a su « chanter dans son arbre généalogique », selon le mot de Cocteau, en venant s’irriguer tout au long des siècles aux sources de sa musique traditionnelle. Là en effet, le dialogue entre musique populaire et musique savante ne s’est jamais interrompu, les compositeurs ne cessant de nourrir leur imaginaire aux racines du cante jondo (chant profond), ce chant primitif andalou, puis du cante flamenco et des chansons et danses issues du folklore. Ici, le chant et la guitare témoignent d’un lien indissoluble et tiennent lieu de fil d’Ariane, du XVIème siècle à nos jours, pour qui veut tracer le portrait musical d’une Espagne riche de couleurs et de contrastes. Contrastes d’une voix tour à tour âpre et sensuelle et des cordes d’une guitare qui « fait pleurer les songes » mais où « passent de noirs chevaux et des hommes sinistres » (Federico Garcia Lorca). Avec les « Romances » et des « Villancicos » du Siècle d’or apparaissent les premières monodies lyriques profanes et religieuses pour voix, avec accompagnement entièrement noté de Vihuela, l’ancêtre espagnol de la guitare. Les « Séguidillas » de Sor, puis les « Tonadillas » de Granados et plus près de nous les « Villancicos » de Rodrigo nous entraînent vers une Espagne galante et colorée. Avec Lorca au vingtième siècle, le chant populaire trouve un nouveau souffle et de nouvelles harmonies, tandis qu’avec le basque Ibarrondo, la voix et la guitare vont renouer, dans une écriture d’aujourd’hui, avec les accents rauques, violents et tragiques de l’Espagne des « cantaores ». 

 

  "Lorsque j’ai été sollicité par Dominique Moaty pour la mise en scène du récital Chants d’Espagne, la première figure qui m’est apparue a été celle de mon père, lors de la cueillette des olives en Castille: il chantait tout le temps, et je me suis aperçu que par tradition orale, je connaissais la moitié du récital. A partir de cette image et des premières répétitions, l’idée directrice a été de donner une image de l’Espagne qui s’oppose radicalement à la fête et au folklore habituellement associés aux couleurs espagnoles. Ne voulant pas cacher les corps des interprètes derrière un décor, je les ai placés dans l’espace symbolique du champ d’oliviers : le guitariste les pieds enracinés dans la terre espagnole, la soprano se déplaçant dans l’espace géométrique créé par les oliviers comme les rayons de lumières, l’éclat jaune du soleil, pour figurer le blanc et le vert de cette campagne espagnole. J’ai voulu privilégier avant tout l’espace sonore, que le son nous emmène dans un voyage spirituel vers le mysticisme de Jean de la Croix ou de Thérèse d’Avila : ce mysticisme traverse l’histoire de la musique espagnole de Mudarra à Ibarrondo, en passant par Rodrigo, sans laisser de côté les belles mélodies traditionnelles répertoriées par Garcia Lorca, comme « Anda jaleo », chanson populaire qui a servi de ralliement pour les partisans de la Guerre d’Espagne et est devenue le symbole de la résistance à tous les autoritarismes."

Luis F. Jimenez 

Programme

1ère Partie

Tres morillas Cancionero Palacio 

Ay triste que vengo Cancionero Palacio 

Triste estaba el rey David AlonsoMudarra

Durmiendo iba el Señor Alonso Mudarra

Cinco Seguidillas Fernando Sor

La maja dolorosa Enrique Granados

El tralala y el punteado Enrique Granados

 

2èmePartie XXè Siècle 

Urrundik Felix Ibarrondo

Pastorcito Santo Joaquin Rodrigo

Tres canciones populares Joaquin Rodrigo

Nana de Sevilla F. Garcia Lorca 

Las morillas de Jaen F. Garcia Lorca

 Zorongo F. Garcia Lorca

 Anda jaleo F. Garcia Lorca

 El Cafe de Chinitas F. Garcia Lorca 

 

FICHE TECHNIQUE 

Deux chaises

Deux pupitres noirs avec éclairage

Largeur du plateau 3.50 m (sinon version concert)

Une répétition dans les lieux souhaitée

Conduite lumières en fonction des moyens disponibles

 

Dominique MOATY Soprano 

Dominique Moaty développe une carrière variée, privilégiant les champs des musiques contemporaine et baroque et le récital. De nombreux compositeurs ont écrit pour sa voix : depuis 2000, elle a réalisé la création et l’enregistrement pour Radio-France d’œuvres de François Donato (En nuestros Labios), de Jean-Baptiste Devillers (Cinq coquilles), ainsi que la création de plusieurs œuvres de Jean-Louis Petit à Vienne, Ville d’Avray. On a pu l’entendre salle Olivier Messiaen à Radio-France dans les « Récitations » d’Aperghis et les « Leçons de cuisine » de Bernstein. Elle s’est produite avec l’ensemble Polycordes dans des œuvres de Crumb et Stravinsky. Toujours dans le domaine de la musique contemporaine, elle a participé à plusieurs éditions du festival « Musiques de notre temps » à Charenton en région parisienne au cours desquelles elle a interprété Kagel, Devillers, Sarhan. Dans le répertoire baroque, elle a enregistré pour la maison Arion un disque consacré à Kapsberger et ses contemporains romains : Motets à la Vierge (2004) avec Pierre Cazes, orgue positif, Marie Langlet, théorbe, et Emmanuelle Guigues, viole de gambe, et donné de nombreux concerts sur ce répertoire (2003, 2004, 2005). On a pu l’entendre dans des concerts consacrés aux « Motets vénitiens » d’Alessandro Grandi auquel elle vient de consacrer un nouveau disque. Enfin une part importante de son activité artistique est consacrée au récital : elle se produit dans le concert « Chants d’Espagne », accompagnée à la guitare par Jean Horreaux mais également dans le répertoire du XVIIème siècle, accompagnée au théorbe par Marie Langlet, et dans le domaine de la mélodie et du lied.  Elle enseigne au Conservatoire National de Région d’Aubervilliers-La Courneuve et à la Maîtrise de Radio-France. 

 

Jean HORREAUX Guitariste

Depuis 2001, Jean Horreaux a repris une carrière de guitariste soliste. Nouvelle étape d’une aventure musicale commencée en 1978, et qui l’a rendu célèbre en tant que chambriste au sein du Duo Horreaux-Tréhard. Invité à ce titre par les plus grands festivals (Lille, Auvers sur Oise, Orangerie de Sceaux, Saint-Lizier…), il s’est produit en soliste avec l’Orchestre Philharmonique de Radio-France et a multiplié les récitals en France : Paris (Musée d’Orsay, Grand Auditorium de Radio-France), Toulouse, Strasbourg, Marseille, Caen, Nantes…, en Europe : Rome, Vienne, Amsterdam, Prague, Budapest, Athènes, Munich, Bruxelles, Lisbonne, Barcelone. Défendant avec talent et conviction un répertoire exigeant, ses nombreuses prestations radiophoniques (France-Musique, France-Culture, France Inter) et télévisées (France 2, France 3, M6, RTL), ainsi que la richesse de sa discographie pour la maison Calliope lui ont valu l’estime du public et de la presse ainsi qu’en attestent les articles élogieux parus dans Télérama, Diapason et Le Monde de la Musique. Son action s’est particulièrement illustrée dans le domaine de la création contemporaine, où il a marqué de son empreinte l’histoire et le répertoire de la guitare, puisqu’il est le dédicataire et le créateur de nombreuses œuvres écrites par les grands compositeurs de notre temps parmi lesquels Maurice Ohana, Iannis Xénakis, Ton-That Tiêt, Félix Ibarrondo, Charles Chaynes, Edith Canat de Chizy. Jean Horreaux se produit à présent en récital en concerto (avec notamment les « Trois Graphiques pour guitare et orchestre » de Maurice Ohana) et en musique de chambre en compagnie de la soprano Dominique Moaty.  

Jean Horreaux enseigne la guitare, à l’Ecole Nationale de Bobigny et au Conservatoire du Xème arrondissement à Paris. Il est par ailleurs directeur de la collection « Guitare » des Éditions Musicales Gérard Billaudot. 

Luis F. Jiménez Metteur en scène

Espagnol, venu à Paris pour des études de théâtre ; formation avec Jacques Lecoq, Philippe Gaulier, Monika Pagneux, et licence d’Etudes Théâtrales à l’Université de la Sorbonne, Luis Jimenez a fondé le Groupe Zorongo pour la production et la diffusion d’œuvres théâtrales de caractères hispaniques. Il a ainsi mis en scène: Ay, Ay, Ay Lorcas, Llanto de Claveles, Paseo a la sombra de la luna (récital de poésie), Ay Carmela de Jose Sanchis Sinisterra, Stimulant, amer et nécessaire de Ernesto Caballero, Dompteur d'ombres de Itziar Pascual. Il a été aussi sollicité pour des mises en scène en Espagne de La diablesa par la Compagnie Maria Oleza, et El Corral de Bernarda d’après Garcia Lorca et Ernesto Caballero au Conservatoire National de Théâtre (RESAD) à Madrid et en Colombie de El domador de sombras par la Cie Tacita de Plata-Medellin. Toutes ces productions ont été programmées dans diverses tournées et festivals internationaux. Il partage également son expérience théâtrale en animant des stages en Colombie au Festival ibero-americano de Bogota et à l’Ecole Populaire d’Arts de Medellin, en Bolivie à l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts Dramatiques de Santa Cruz ; en Espagne au Conservatoire National d’Arts Dramatiques de Madrid (R.E.S.A.D),aux Etats-Unis au City College -Université de New York, et au Burkina Faso au Centre Culturel Gambidi de Ouagadougou. Pour faire mieux connaitre le théâtre et la culture espagnole en France, Luis Jiménez a créé le Festival Don Quijote à Paris ainsi que la programmation flamenca du Théâtre National de Chaillot. En 2003, il a reçu pour ces initiatives innovantes la Croix d’Officier du Mérite Civil, accordé par Juan Carlos I, roi d’Espagne.